'La Merde' est le second volet d'une trilogie SkaGeN sur le ciel, le purgatoire et l'enfer. Farfouillant dans la littérature française, SkaGeN poursuit sa quête du sens et du non-sens de la vie. En passant, le collectif sonde les profondeurs de notre conscience culturelle. C'est une mission: à l'aube d'une ère nouvelle, chercher les racines de notre culture. Histoire, dans cette même quête, de voir où les fleurs fleurissent toujours.
Dans la pièce 'Door mijn schuld' (Je suis coupable) (2005), SKaGeN s'inspirait du texte 'Le Bagne' de Jean Genet. Pour 'La Merde', le collectif explore en profondeur 'La peste' d'Albert Camus, son célèbre roman sur une ville en Algérie, en proie – comme son titre l'indique – à la peste. Les personnages condamnés à rester en quarantaine, entre les murs de la ville, sont livrés à eux-mêmes. Ils tâcheront de le vivre au mieux, à travers l'engagement, l'amour et la persévérance. Et les voilà aussitôt embarqués dans un processus privilégié. Creuser, fouiller. Jeter, et repartir à la recherche de solutions.
Une méthode de travail adoptée aussi par le docteur Rieux, là, en Algérie, parmi les cadavres, les rats et les autres volontaires. Tandis que l'épidémie de la peste, impitoyablement, fait rage autour d'eux, le docteur Rieux et les siens s'évertuent sans relâche à soigner les malades et à empêcher de nouvelles contaminations. Sans en voir l'issue et souvent avec l'énergie du désespoir. Tous ces efforts ont-ils réellement du sens? Là n'est pas la question. Il s'agit tout simplement de faire son devoir. Chacun à sa hauteur. Il suffit de songer à l'équipe d'identification belge qui s'est rendue en Indonésie suite au Tsunami pour instantanément réaliser que cette thématique n'est pas totalement étrangère à notre actualité.
Lourdeur
des mots, légèreté des phrases. SKaGeN ne choisit pas ses thèmes
à la légère. SkaGeN part toujours de l'engagement de l'homme et de
la volonté de mieux comprendre son existence. C'est à cet égard
que SkaGeN interpelle à travers ses pas de danse. Plus le thème est
lourd, plus les pieds dansent avec légèreté sur la scène. Dans
'La Merde' aussi, SKaGeN mêle un humour tamisé et une vision
aiguisée dans une composition contemporaine. Pour cette
représentation, il faut se rappeler du principe filmique bluekey
utilisé aussi dans 'De Dayroom' (2004). Les personnages sont joués
en direct; le reste n'est que pixel et imagination. Un océan bleu
rempli de rien et dedans, six acteurs. Le résultat est une
projection, des meubles, des attributs, des villes et cette 'merde'
dans 'La peste'. Ce qu'on voit, c'est le paysage incontournable de
ce chef-d'oeuvre littéraire. Ce qu’on sent, c'est le purgatoire où
chacun travaille en unissant ses forces. Que faire alors? Avaler sa
salive car il ne nous est pas inconnu. Et puis rire un bon coup,
aussi. Pour la même raison.
PLATEAU
Production: |
SKaGeN |
Acteurs: |
Mathijs Scheepers Valentijn Dhaenens Korneel Hamers Clara Van den Broek Bruno Vanden Broeke Yves Degryse |
Costumes: |
Barbara De Laere |
Création technique: |
Jeroen Wuyts Geert De Vleesschouwer |
Directrice de production: |
Eline Van Hoye |
Maquette: |
Koen De Ceuleneer |
Avec le soutien de la Communauté flamande En collaboration avec De Tijd et Monty |